La rançon de la gloire

Si le prix de l’essence augmente de façon exponentielle, les trajets de Serge l’étaient également. Aujourd’hui, rendre visite à la petite bijouterie Rosenberg sur l’Avenue of Prosperity. Il y a une semaine, ce bijoutier juif et immigré venu de Kaliningrad a été dévalisé par des Hell’s raiders peu scrupuleux qui ont couvert sa façade d’insultes antisémites et ont pris pour plusieurs centaines de milliers de dollars de bijoux. L’assurance lui couvre la remise à neuf de son magasin mais l’affaire policière piétine, volontairement sûrement, ce qui ne permet pas le remboursement de la somme volée car Rosenberg n’est pas encore reconnue comme une enseigne cambriolée. Il a alors contracté un « emprunt » au clan russe. La mission d’Helvitch, gagner des contreparties pour le clan. Les Russes ont accepté de renflouer ce magasin car Rosenberg est un bon ami des Helvitch et du clan, car il est également d’origine russe mais le clan russe devait également y gagner.

La Mercedes de Serge quitte le quartier européen pour entrer sur le périphérique. Son chauffeur l’accompagne évidemment, Vassili est également là, à côté de son patron. Mais devant, côté passager, se trouve un autre type : chauve et imberbe, il ne dit rien, il porte juste une petite étoile sur le dos de la main gauche qu’il garde posé contre ses genoux. L’attente est longue dans la voiture, personne ne parle. Ils s’engagent enfin vers le centre-ville et l’Avenue Of Prosperity. Evidemment, aucun moyen de se garer, les mafieux se garent donc à quelques rues du magasin. Le chauffeur ouvre la portière à son patron.

« Merci Dimitri, reste ici, on en a pas pour longtemps. On ira manger un truc après. »

Le chauffeur acquiesce et referme la portière. Les trois s’éloignent et rejoignent l’avenue principale. Serge marche d’un pas assuré, Vassili reste en retrait, ses yeux percent la foule et il garde une main dans sa veste, prêt à intervenir à tout instant. Ils rejoignent enfin le magasin. La vitrine extérieure a été brisée et on peut encore lire une insulte antisémite à moitié effacée. Vassili frappe à la porte à la serrure toute neuve. Un petit homme, marqué par l’épreuve, vient leur ouvrir.

« Bonjour Messieurs …je euh … vous attendez … »

Le ton hésitant du vieux Rosenberg devant les trois géants qui se trouvaient à la porte, les visages graves et leur allure droite dans leurs vestes, devait avoir quelque chose de traumatisant. Serge fut le premier à entrer. Il jeta un regard sur toute la pièce, tout était en cours de reconstruction, des dégradations étaient encore là. Surpris par la violence du braquage, Serge ne dit rien et fut interrompu par Rosenberg.

« Si vous le voulez bien, nous allons passer à côté … »

Helvitch lança un sourire et suivit son hôte, bientôt suivi par les deux autres. Ils marchaient encore sur des débris de verres avant de se trouver devant une porte à code. Le vieil homme tapota sur la machine et la porte se déverrouilla. Ils passèrent dans l’autre salle et s’aperçurent avec surprise que la porte qu’ils venaient de franchir était blindée : les voilà dans un coffre-fort géant. La porte se referma et Rosenberg les invita à s’asseoir autour d’un sublime bureau. A première vue, cette salle n’avait pas souffert durant l’attaque.

« Donc, quel est le motif de votre visite Monsieur Helvitch ? »

Le vieux reprit un brin d’assurance, assurance brisée par la voix de Serge.

« Nous sommes là pour les modalités de l’emprunt. »

Le vieil homme semblait de nouveau perdu, s’il connaissait bien les mafieux, il était toujours resté distant avec eux, connaissant leurs méthodes. Il avait toujours préféré ne rien leur demander, mais le sort en avait décidé autrement.

« Je pourrai vous rembourser, ce n’est pas un souci, messieurs, soyez assuré que vos patrons toucheront leurs parts. »

Rosenberg prononça ces phrases dans un ultime effort. Serge lança un demi-sourire. Il posa ses mains sur le bureau du bijoutier pour, premièrement, montrer ses tatouages, donc ses marques de noblesse au sein du clan et deuxièmement, pour montrer qu’il n’était pas totalement satisfait.

« L’argent n’est pas un problème, Monsieur Rosenberg, vous êtes réputés donc nous n’avons aucun doute sur votre parole, mais nous voulons nous assurer de la pérennité de notre investissement … »

« La … la pérennité de votre investissement ? »

Serge retira ses mains et sourit.

« Bien sur, nous avons investi près de 300.000 $ de votre affaire, somme qui ne vous sera jamais donné par la Justice, vous le savez autant que moi. Donc nous voulons nous assurer que votre magasin fonctionnera bien … »

« Comment … Comment ça ? »

« Voici, Andreï Cyrilpovitch, garde de sécurité, un homme de confiance, capable de tout. C’est un de mes hommes de confiance, croyez-moi, il n’y en a pas beaucoup des comme lui dans ce bas monde. »

« J’ai peur de ne pas vous suivre complètement Monsieur Helvitch … »

« C’est pourtant simple, cet adorable bambin devient votre garde de sécurité, c’est lui l’assurance de notre investissement … »

« Et pour les modalités de paiement ? »

Serge fit un geste de tête à Vassili qui sortit de sa poche une enveloppe qu’il déposa lentement sur le bureau du bijoutier.

« Voici notre offre. »

Il décacheta la lettre, prit ses lunettes et lut attentivement.

« 5.000 par mois pour le remboursement de l’emprunt et 3.000 pour le garde de la sécurité ? »

Serge écarquilla les yeux, la négociation pouvait commencer. Dans tous les cas, Serge prendrait 40% de cette somme. Les Russes revenaient dans le racket de protection.

Comme il le voulait, le bijoutier avait réussi a faire baisser le prix des Russe de quelques billets. Il fit semblant de réfléchir, en continuant de se frotter le haut du crane avec sa main droite. Avec une mine de chien battu, il releva la tete et déclara en simulant ses plaintes :

Je..J'essayrait de vous verser tout cet argent a chaque fin de mois..En éspérant que les Néo-nazis ne reviennent pas..

Il dit cette dernière phrase moins forte que les autres, mais tout de meme assez fort pour que Serge l'entende. Il vit ce dernier sortir la malette, et l'ouvir. La vue des billets calma un peu sa comédie, et il prit les billets que lui tendit le Russe, tout en recomptant rapidement et discrètement. Il se leva, et invita le mafieux a en faire de meme. Une fois sortit du magasin, il remercia une dernière fois Serge tout en le saluant...

+ un salaire de 3000$(tu as dit que tu toucherait 40%, j'ai arrondis)
+70 de réputation

[Pas de soucis]

La transaction s’était finalement très bien placé. Si désormais Serge avait un salaire direct et régulier, il devait protéger désormais cette bijouterie et pourquoi trouver les braqueurs et les pendre avec leurs tripes sur le secteur industriel pour montrer ce qu’il en coûte de braquer les intérêts Russes. Rosenberg vida la valise de l’argent qu’il posa sur son bureau, il le placera plus tard sûrement dans son coffre. Serge en fit de même lorsque le bijoutier les deux liasses de billets qu’il allégea pour correspondre à la somme demandée. Serge vérifia mais fit confiance au bijoutier. 4.000 billets, c’est largement supérieur à ce que le clan pensait avoir. Le mafieux, sans état d’âme, plia la liasse qui lui était dédié et l’enfila dans son veston. Désormais, il gardait le sourire tandis que Rosenberg les invitait poliment à s’en aller. Serge serra chaleureusement la main du bijoutier avant de se lever.

« Monsieur Rosenberg, vous avez choisi le bon camp. Ils ne reviendront pas avec cet homme qui vous protège, avec cet argent, améliorez vos services de sécurité et de mon côté je m’engage à trouver ces braqueurs. »

L’air rassuré mais pourtant allégé de 7.000 billets, le bijoutier remercia poliment les mafieux. Pour une simple échoppe, Serge n’y sera pas aller comme ça mais les diamants volés appartiennent plus ou moins au clan et Rosenberg s’insérait déjà dans les plans russes, il ne devait donc pas couler, du moins, sans que les mafieux ne l’ait décidé. Ils passèrent la porte blindée et traversèrent de nouveau le magasin délabré. Serge et son garde du corps en sortirent mais pas le second, sa mission était effective dès maintenant et il se posta devant la bijouterie, faisant peur aux enfants qui passaient. Les deux Russes rejoignirent leur voiture, le moteur tournait encore, simple précaution si la situation dégénérait.

« En route … »

Serge se faufila dans la voiture et sans discuter le moindre ordre. Les deux autres en firent de même. Il n’avait plus rien à faire dans le centre chic et mondain et s’en retournèrent dans leur quartier : Little Odessa.