Mise au point [PV: Vito]

[Le prochain RP est pour Vito, ensuite ce sera moi, et ensuite Vladimir]

« - Vito, Sacco’s, 23h.
- Va bene. »

Voilà les quelques mots que nous avions échangé par téléphone. Nous ne nous contentions que de ça, très souvent. Primo, ce n’était pas dans notre culture, secondo, c’était risqué, et terzo, nous aimions nous parler d’homme à homme, face à face, il n’était donc pas étonnant que si peu de mots aient été échangés par téléphone.

J’étais venu un peu en avance, comme à mon habitude, j'avais commandé un verre de Gin. Le bar n’était pas mauvais, situé dans le quartier italien, les meubles étaient en bois ancien de bonne qualité, et l’alcool n’était pas mauvais non plus. Les clients étaient en général plutôt civilisés, le barman ne posait pas de questions. Bref, un bon bar à l’ancienne où l’on ne risquait absolument rien. J’étais vêtu très simplement afin de ne pas trop me faire remarquer, ce n’était pas en mes intentions ce soir là. Je l’ignorais encore, mais il y avait un autre homme qui allait se faire remarquer…

Lorsque Vito arriva, je déposai mon verre, me levai, sourire aux lèvres, joie non dissimulée, puis le serrai dans mes bras. Il prit place, commanda un verre, puis nous commençâmes une discussion qui s’annonçait longue et mouvementée :

« - Alors, mon ami, que vois tu à Karandras ?
-Qu’est ce que tu crois, je me vois partager le trône de la puissance, de l’argent et du pouvoir avec toi. », me dit-il avec un sourire triomphant.

Et alors, je lui parlai de mes projets, de ma grande décision, et de ce que j’avais fait durant les trois derniers jours. Je lui racontai comment j’avais négocié mon Colt Python, il me raconta comment il avait négocié son Colt 45. Nous avions vraiment des manières différentes d’opérer, Vito usait, selon moi, beaucoup trop de la force, et j’usais, selon lui, beaucoup trop de ma parole et de ma sournoiserie. Mais aucun de nous ne reprochait à son frère sa façon d’agir. Je ne pouvais pas mieux faire que de lui rappeler un « conseil de vie » :

« - Donne la priorité à la parole plutôt qu’à la force. Vito, tu as gagné plus d’argent que moi sur ce coup, mais j’ai gagné un vendeur qui me fera confiance, dorénavant, j’ai gagné un contact, et ça peut payer beaucoup plus, à la longue ! Les vendettas ne se font pas qu’entre italiens à Karandras, si ce petit prétentieux avait des relations, ils pourront t’effacer sans même que tu ne t’en rendes compte…
-Je t’en prie Santino, je connais Karandras autant que toi, et même mieux ! Tu ne dois pas t'inquiéter pour un mec comme moi ! »

Je fis une expression agacée de la main, comme pour dire « Passons ». Je savais que si ce malheureux voulait se venger, Vito leur ferait la peau à tous autant qu’ils soient.
Je lui parlai alors de ma grande décision, je lui dis que j’avais décidé de prendre les choses en main, de vivre dans un appartement correct, de grimper l’échelle sociale, que l’époque de la pizza de 4h du matin était révolue, et que je me ferais une place dans notre monde. Pour ceux qui auraient besoin de précisions, notre monde signifiait pour moi le monde de la Cosa Nostra. Il partageait mon avis à 100%, ce qui ne m’étonnait guère.
Enfin, j’introduisis le troisième point important de notre discussion : mes projets. A Karandras, les russes contrôlaient en grande majorité les armes, la prostitution, et la drogue trois secteurs auxquels je ne m’intéressais pas pour le moment : il fallait avoir un capital d’investissement important pour le premier, ce qui n’était pas en ma possession pour le moment, le second me révoltait tout simplement. Je vous paraitrais peut être un peu vieille école, mais ces pauvres filles qui vendent leur corps pour donner 80% de leur « récompense » à un patron cruel, violent, et surtout, vénal, me font beaucoup trop pitié pour que je puisse les exploiter, la prostitution ne respectait pas mes principes, c’était comme ça, voilà tout. Quant au troisième, il regroupait les deux raisons citées précédemment en une seule fois, inutile de dire qu'il était définitivement exclu de mes idées actuelles.

Mais cela m’était d’une grande aide, car opposer la concurrence à des ennemis à aussi grande échelle ne me serait pas bénéfique, du moins pour le moment.
La Famille Corleone, à laquelle j’avais prévue de me joindre (ce que Vito approuva d’ailleurs totalement), contrôlait les syndicats, les finances, les trafics de marchandises, et le jeu. C’est à ces secteurs que j’allais m’attaquer, mais à plus petite échelle. Si les Corleone rackettaient les syndicats, alors je ne toucherais pas à leur butin, mais m’attaquerais aux petits commerces, juteux en quantité. Les Corleone faisaient dans les magouilles financières, alors je travaillerais simplement dans l’usure. Les Corleone volaient des cargos de cigarettes, d’alcool, de lecteurs DVD ou de costumes, alors je volerais des petits camions de particuliers. Ainsi, je ne ferais concurrence à personne.
Bien sûr, j’allais devoir blanchir très vite mon argent, il fallait donc gagner vite et de manière efficace. Vito allait certainement me suivre dans cette marche glorieuse qui s’annonçait à moi, car c’était un chemin tortueux et caillouteux que j’allais devoir aborder pour atteindre "l'American Dream"...

Invité

« - Vito, Sacco’s, 23h.
- Va bene. »

Voici les seuls mots qui furent dit au téléphone par Vito et son ami Sonny. Les deux hommes étaient, de nature, assez discret, et n’aimaient pas trop le téléphone. C’est pourquoi ils se donnèrent rendez-vous dans un bar qu’ils connaissaient bien, le Sacco’s, bien fréquenté, malgré quelques alcooliques, un bon moyen de parler discrètement mais sérieusement. Vito enfila c’est plus belles chaussures, une veste en cuir et un jeans. Effectivement, le rendez-vous devait se passer discrètement, pas de grand costume et de chapeau melon. Vito n’avait pas envie de jouer du flingue se soir là, mais il prit quand même un Colt au cas où un petit plaisantin viendrait faire le malin. Après une petite ‘préparation personnel’. Vito quitta son appartement, fermant la porte à double tour.

Il arriva très vite au bar qui se situait non loin de son appartement, dès qu’il pénétra à l’intérieur, il remarqua son ami Sonny qui lui fit signe. Vito avança vers son ami, qui se leva, et l’enlaça amicalement. Vito s’assis ensuite et commanda une bière. Une fois ça bière servie. Il entama ensuite une longue conversation avec son ami Sonny, qui lui racontait ses derniers exploits. Vito fit de même, d’ailleurs un exploit, il en avait réalisé un quelques heures plus tôt. Tout excité, il commença à expliquer l’histoire du boucher, qui, à côté de l’acquisition du pistolet, était un exploit.

« - Sonny, aujourd’hui, j’ai corrigé quelqu'un. D’une façon bien rigolote ! Ce vieil hibou de Luigi, qui se fait du fric sur le dos des Corleones avec un trafiquant de clopes, il arrête sa carrière de traître. ! Je l’ai tabassé, dévalisé, et volé au nom des Corleones. Il a prit une balle dans la jambe, des coups de crosse. Je l’ai enfermé dans la chambre froide, maintenant, il sait qu’il est sous surveillance. Et qu’au prochain acte de traître, je le bute ! »

Vito et Sonny commencèrent à rire de bon cœur. Même si Sonny pensait certainement que Vito y était allé un peut de trop par la force, un traître était un traître, et Luigi avait eu tout ce qu’il méritait. Et il (Luigi) savait que Vito ne rigolait pas, et qu’il n’avait aucune crainte à jouer du flingue. Ces petits amis trafiquants savaient qu’ils allaient avoir du fil à retordre. Vito avait explosé Luigi, mais il comptait bien faire de même avec les associés. Mais d’abord, il devait demander un truc à Sonny.

« - Sonny, j’ai un ami qui aime le jeu. Il m’a rendu service quand je suis arrivé ici, il m’a demandé récemment de lui prêter 2.000$. Actuellement, je ne suis pas en mesure de donner une somme pareil, alors, je me demandais si tu pourrais pas me les prêtés, il me les rends la semaine prochaine, sans faute ! »

Je revoyais Vito dans toute sa splendeur, et autant vous le dire tout de suite, cela me faisait vraiment plaisir ! J’éclatai de rire (de façon discrète et charismatique, tout de même, le rire ne me fait pas perdre ma distinction !), à l’histoire du boulanger. Cela m’étonnait de Luigi ! Il avait pourtant l’air assez réfléchi pour éviter de trahir les Corleone. Je savais qu’il allait parler à quelques uns de ses associés pour le venger, mais trois choses protégeaient mon ami : tout d’abord, les papotages du quartier arrivent jusqu’aux supérieurs de la Famille Corleone, ainsi, Luigi serait sous une surveillance serrée, et la Famille essaierait de liquider tous ses associés. Le deuxième élément qui s’ajoutait à cette protection indirecte des Corleone était la puissance de Vito. Car il faut bien avouer que malgré sa petite taille de sicilien, sa force suffirait largement à enterrer un mammouth ! Enfin, la troisième assurance reposait en moi. Car je savais pertinemment comment manier des hommes tels que Luigi, et je savais trouver le moment opportun pour liquider discrètement tous ceux qui oseraient penser à s’opposer à mon frère d’armes. Je n’étais donc pas inquiet pour mon ami, loin de là, je le félicitai pour cet acte courageux et soigné. Je venais lui parler des Corleone alors qu’il s’apprêtait déjà à en devenir membre !

La réplique suivante m’impressionna tout autant. Un flambeur au jeu ! C’était tout ce dont j’avais besoin pour bien démarrer. 2000$, c’était tout de même une somme importante, mais je ne m’en souciai aucunement.

« Tu diras à ton ami que ce sera sans problème, qu’il recevra ses 2000$ dès demain, mais dis lui bien que la semaine prochaine, il devra m’en rendre 3000. Surtout, ne perds pas ton sang froid, discute tranquillement et persuade-le d’accepter. Ne profère aucune menace et ne l’agresse pas. De toute manière, les banques sont plus exigeantes. Il faut qu’il accepte de bon cœur, tout à fait innocemment. S’il ne les as pas avant vendredi prochain, tu iras lui rendre une petite visite. »

Je savais qu’il fallait prévenir Vito, qu’il fallait lui donner des consignes précises, d’une part parce qu’il faisait bien son boulot si on lui précisait quoi faire, sinon il s’y prenait systématiquement par la force, et d’autre part parce qu’il ne fallait pas prendre de risque, il fallait que je démarre correctement. Je bus une gorgée, et à peine eus je déposé mon verre qu’une rixe imposa sa présence dans le bar. En général, je n’aimais pas assister à ce genre de choses, que je ne pouvais qualifier que d’un seul mot : connerie. Celle-ci était cependant bien différente. L’un des deux hommes en combat, pourtant bien bâti, viril et robuste, refusait d’attaquer de quelque manière que ce soit, mais ne cessait pourtant pas un seul instant de provoquer son « agresseur ». Cela m’offrait une image intéressante. Bientôt, il commença à hurler :

« Tue moi ! Allez, vas y, tue moi si tu en as le courage, je ne me défendrai pas, je suis tout à toi ! »

Son vœu ne s’exauça pas, et à ma grande surprise, je devinai qu’il voulait vraiment mourir. Était-il fou ou dépressif, cela, je n’en sais rien. Mais je sais que je l’ai empêché de mourir pendant pas mal de temps.
L’autre homme quitta le bar, révolté… L’aspirant à la faucheuse le suivit. La réplique qui allait suivre changea sa vie.

« Vito, invite-le à boire un verre avec nous... »

Invité

Une rixe avait éclaté dans le bar. Sonny n’aimait pas ce genre de spectacle, contrairement à Vito qui voyait là dedans un peu de distraction. L’un des deux hommes semblait vouloir mourir, il hurlait dans le bar, il avait d’ailleurs tellement crié que son adversaire était partit, sûrement par peur que la police intervienne. Et c’est là que Sonny invita Vito à aller voir ce mec dans le but de lui offrir à boire. Vito n’était pas trop ‘’chaud’’. Il ne roulait pas sur l’or, loin de là, et offrir des verres à des pauvres types n’allait pas arranger les choses. Il se leva malgré tout et marcha jusqu’à cet étrange personnage qui s’appuyait sur le bar et s’effondrait en sanglot. Vito s’assit sur le tabouret voisin à celui du dépressif et commanda un Rhum bien corsé. Le serveur lui passa le verre, Vito lui fit signe de mettre la commande sur sa note et tapota l’épaule du pauvre gars. Qui tourna légèrement la tête dans sa direction. « Eh, tu veux prendre un verre avec moi et mon ami ? » L’homme ne dit pas un seul mot. Vito quitta alors le tabouret où il était installé et déposa le verre qu’il venait de commander sur la table où Sonny ce trouvait. Il craqua ensuite ses articulations, et à son habitude, il employa la manière forte. Il saisit l’homme par le col et le tira hors du tabouret. Il le traîna sur quelques mètres et l’assit sur une chaise en face de Sonny. L’homme tenta de ce relever, mais Vito appuya d’un coup sec sur ses épaules histoire qu’il reste bien en place. « C’est quoi ton nom, mecton ? Rocco,… Rocco Filone… Maintenant laissez moi partir !J’ai acheté un verre pour toi, bois-le, où je risque de,… M’énerver ! » L’homme saisit timidement le verre et en but une gorgée, puis deux, puis trois. Sûrement un ancien alcoolique qui retombait dans le fond du gouffre. Le genre de personne qui nécessite des soins rapides et éfficcase. [Minable Rp, manque d'inspiration flagrant !!!]

Je me rappellerai toujours ce visage.

« -Enchanté, Rocco Filone, je suis Santino Vespuccini, nous sommes tous trois italiens, nous sommes des frères dans un monde de brutes. Mais nous allons nous aider pour survivre dans de bonnes conditions.
-Mais je ne veux pas survivre ! Je veux mourir ! »

Ce visage qui m’avait paru si beau, le visage d’un homme faible et dépassé, le visage d’un homme désemparé. Le visage d’un bel homme qui avait gâché sa vie en commettant une erreur. Mon cœur et mon amour propre en prirent un coup, je voulais sauver cet homme. Jamais plus je ne le revis pleurer, je pense que les paroles qui suivent le giflèrent de plein fouet. Je me lançai dans une colère sincère mais maitrisée :

« Allons relève toi et sois un homme. Alors ? Où est passée la fierté de l’italien ! Je veux mourir, je veux mourir, mais qui es tu pour faire ce cinéma de petite frappe ! Maintenant écoute moi, tu vas travailler pour moi, je ne veux rien savoir de tes problèmes ni de ta vie personnelle. Rien de tout cela ! A présent, tu travailles pour moi, tu vas bien gagner ta vie, tu vas nourrir ta femme et tes enfants si tu en as et en prendre soin, c’est tout ce qui compte. Car qui n’a pas de famille n’est pas réellement un homme. Dorénavant, quoique je te dise, tu le feras, si tu veux vraiment mourir, il y a des chances pour que ça arrive, je te le garantis. Mais tu vas tourner une page dans ta vie. Si tu es alcoolique, tu vas arrêter, si tu es drogué, tu vas arrêter, je veux te voir d’attaque pour travailler correctement. Que ce soit bien clair : ceci n’est pas une suggestion, il s’agit là d’une requête, ce n’est pas sujet à discussion. Maintenant, bois ton verre, prends mon numéro, celui de Vito et va dormir quelques heures, fais disparaître les larmes et les cernes que tu as sous les yeux. »

J’avais parlé comme un père pour cet homme que je ne connaissais pas. Cet homme qui allait devenir l’homme le plus dévoué et le plus fidèle qui soit. Vito me regarda sans comprendre ma réaction. Il était subjugué face à de tels propos. Jamais il ne m’aurait cru capable d’aborder un inconnu de la sorte. Mais si cet homme voulait vraiment mourir, alors j’allais en faire mon arme la plus puissante et la plus fidèle. Je me placerais comme le seul et unique être en ce monde par lequel il ne voudrait pas être tué. Quelque chose me disait que l’homme en question n’était pas seulement victime, et que derrière les larmes se cachaient de sombres évènements. Mais j’avais décidé de ne pas m’en mêler, et c’était là une bonne décision, qui me laissait prendre un peu de recul par rapport au fait, un recul objectif qui me faisait gagner des points. Sa première mission, il allait l’exécuter avec grand succès, et Dieu sait qu’elle ne serait pas facile ! Vito me fixait à présent avec un regard interrogateur, incompréhensif, complètement désorienté :

« Ce sera une arme puissante, cher ami, fais moi confiance. Bon, n’oublie pas ce que je t’ai dit à propos de ton flambeur. Je vais à la quête de l’argent, à présent. Tâchons de ne pas bosser ensemble pendant une ou deux semaines, sinon notre duo éveillerait les soupçons des flics. Prends soin de toi, mon ami, j’espère que ton nom m’arrivera ailleurs que de mes pensées. »

Je bus une dernière gorgée, enlaçai mon frère d’arme et de cœur, enfilai ma veste, puis quittai le bar. Le moment était venu pour moi d’agir, et vite !

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