Service et Gueule de Bois

La gueule de bois, la seule chose qu’il gardait en souvenir de son voyage. Une incroyable beuverie à l’odeur de la chair et du sang, en gros une orgie monumentale dans le temple sacré, Moscou, ville décatie pour capitaine déchue, une bien belle destinée. Serge avait passé en effet près d’un mois dans cette ville à fêter comme il se doit toute sorte de choses. Son départ, il l’avait fêté en grandes pompes et le mal de crâne n’a pas disparu. L’humeur désagréable, il fit ses retrouvailles avec Youri, les deux hommes s’enlacèrent sans aucune expression de joie avant de se serrer énergiquement la main. Serge lâcha sa valise, se dirigeant vers la Mercedes, il n’avait perdu aucune habitude. S’installant confortablement sur la banquette arrière, il vérifia sous le siège du conducteur et en sortit un colt ainsi qu’un chargeur. Il s’en saisit alors que Youri grimpait pour conduire. Tout en dissimulant l’arme dans sa veste. Attrapant au passage ses lunettes de soleil rondes, le mafieux prit la parole, chose qu’il faisait rarement en voiture.


« Comment vont les affaires ? »

Youri lança un regard sévère dans le rétroviseur et hésita. Devant le regard inquisiteur de Serge derrière ses lunettes, il retrouva sa langue.

« On a un problème, un nègre. »

Serge soupira, détourna son regard vers la vitre tout en frappant ses genoux avec ces mains bagués. Il ne répondit pas, si un problème il y avait eut, pas de doute, il aura à peine poser sa valise qu’on va lui demander un truc. La voiture sortit enfin du périphérique se dirigeant vers Little Odessa et si la route était familière au mafieux ce n’était pas le chemin de la confortable demeure du russe.

« Hey, on aurait dû tourner ici, tu m’embarques où comme ça ? »

Youri répondit d’un ton sec préférant parler rapidement pour ne pas craindre la colère de son patron.

« Ordre, vous avez un rendez-vous. »

A la bonheur se dit Serge à lui même. La voiture s’éloigna du centre ville pour se diriger vers les docks, c’était louche et se demanda même un moment si la mafia ne cherchait pas à le liquider, non cette option était beaucoup trop stupide. Il se contenta d’observer le paysage. Le soleil radieux jouait en sa faveur, on ne tue pas au soleil, on parlemente. La voiture se gara sur un vieux parking qui sentait le poisson et la mort, deux autres voitures se trouvaient là, deux type étaient juchés sur les véhicules et fumaient tranquillement leur cigarette. Le mafieux observa protégé par la vitre l’ambiance du coin, pas très chaleureux, en bordure du canal, du béton, de la tôle et du grillage. Il se résigna et sortit du véhicule lorsque Youri vint ouvrir sa porte. Il aspira une bouffée d’air frais avant de se diriger vers le seul bâtiment posé sur la dalle de béton. Les russes cessèrent leur jacasseries, balançant leur clope au sol à la vue du mafieux accompagné du féroce Youri qui portait une balafre de plus sur le visage. Derrière ses lunettes, Serge tout en continuant à avancer ne quitter pas les deux imbéciles du regard, ils se montraient dociles et calmes.

D’un pas déterminé, les deux hommes arrivèrent bientôt au pas de la porte. Youri toqua violemment sur le métal. Elle s’entrouvrit, un visage dissimulé les scrutèrent puis la porte s’ouvrit. Ils entrèrent sans rien dire dans la vaste salle délabrée d’une superficie d’une trentaine de mètres carrés, une table, trois hommes assis, une chaise vide. L’ambiance de cette salle était étrange, sombre, de faibles lumières jaunes emplissaient la salle, l’humidité s’était infiltrée partout.

Prudemment, Serge s’assit n’adressant aucune paroles aux autres qui en firent de même, Youri se posta derrière comme à son habitude. Un gros type au centre prit la parole tout en fixant Serge qui prit ses aises en posant ses mains sur la table sale.

« Bonjour Monsieur, désolé pour le contre-temps mais nous avons ordre de vous informer de l’affaire du moment. »

Serge soupira faiblement tout en souriant ironiquement, ravissante réunion pensa t’il. Le type prit soin de sortir sûrement d’une valise un dossier cartonné ainsi que quelques babioles qu’il balança au mafieux. Deux plaques militaires, un pendentif religieux, deux bagues. Ses objets ont du vécu mais pourquoi les lui posait il comme cela.

« Ils appartenaient à quatre de nos hommes, secteur des combats clandestins que je gèrent, un type s’est pointé et à voulu joueur au dur avec nous, procédure habituelle, un pote à lui à débarquer, quatre morts et beaucoup d’argent perdu. »

Serge balança les objets sur la table avec dédain, ok, il n’était plus très chaud pour ce genre d’affaires surtout depuis l’affaire des docks qui avait failli mal tourner, cette embûche de la BAB laissera des traces sur l’esprit. Il fit un geste demandant au type d’envoyer le dossier, il s’exécuta. Le mafieux l’ouvrit, une photo, un basané, un affreux gangsta plein de muscles, le genre de bœuf qu’on mangerait bien pour un dîner. Un nom, Strickland et pas grand chose d’important à part une description plus aboutie, les faits reprochés, la sentence et un tas d’insultes. Helvtlich restait perplexe avant de fermer brutalement le dossier.

« Je suis pas un assassin, prenait un type de votre secteur. »

Un deuxième eut au même instant un rire gêné.

« Vos hommes sont déjà sur le coup, votre garde du corps et quelque de nos hommes ont frappé d’une pierre deux coups dans l’africa sector il y a quelques jours, le boiteux de Nawana et Strickland mais le truc a tourné au vinaigre, que vous le vouliez ou non, vous êtes mêlés à l’affaire et vos hommes sont beaucoup plus expérimentés que les nôtres. »

Serge faillit perdre patience, ses hommes ? une action stupide ? il faillit partir en vrille lorsque la voix du troisième le ramena à la réalité.

« Nous avons eu vent du retour de l’amnistié, le bâtard, il pourrait bosser pour vous si vous ne voulez pas vous salir les mains … »

Le silence glaça l’ambiance, il ne fallait pas être très futé pour comprendre qu’il parlait directement de Barthélémy. Serge resta pensif, attrapa le dossier et dans un grognement se leva brusquement, quittant l’assemblée. Youri le suivit de près. Voilà une nouvelle affaire sur le dos et le mieux, il venait à peine de rentrer à la maison…

[Ce post n’attend ni récompense, voilà, juste un petit retour de vacances.]