Crise conjugale...

Sergueï s’était permis un léger temps de repos après sa dernière mission. Une fois de plus, il avait fait preuve d’une grande prudence. Maintenant qu’il possédait son appartement, il n’aurait plus de problèmes d’argent. Bien entendu, il ne vivait pas dans le luxe, mais c’était amplement suffisant pour l’instant. A quoi aurait-il servi d’enchaîner les missions, au risque de commettre des erreurs, alors qu’il avait assez d’argent pour voir venir…
Cependant, l’oisiveté lui allait mal, et il lui pris très vite l’envie d’exécuter un nouveau contrat. Ce pourquoi il se rendit à une cabine téléphonique de l’European Sector pour contacter son nouvel employeur. C’était son dernier commanditeur, Mark Rieeves, qui lui avait donné le contact, ainsi que son numéro de téléphone.
Le type s’appelait Henry Stold, c’était un riche homme d’affaires. Durant ses semaines de pause, Sergueï avait pris soin de recueillir quelques infos sur lui, histoire d’être sûr de ne pas tomber dans un guet-apens. L’homme possédait plusieurs chaînes de magasins de luxe et habitait le plus beau quartier de l’European : le grand luxe ! Son seul problème, c’était sa femme, et apparemment, il souhaitait en finir avec ce problème.
Serguei s’empara du combiné d’une cabine de téléphone publique –il portait des gants- et composant le numéro. Après quelques sonneries, une voix répondit. [i]

« Allo ? »

« Monsieur Stold. Ici Steve Rio. M.Reeves m’a parlé de vous.”

« Ah. Vous m’appelez enfin ! Je commençais à… »

« Vous êtes toujours interessé par mes services ? »

« Oui bien sûr ! »

« Vous avez cinq minutes pour vous rendre à la cabine de Oxford Street, c’est à quelques pas de chez vous, et je sais que vous êtes toujours chez vous à cette heure de la journée. Si vous n’êtes pas là à la dernière seconde de la cinquième minute, je partirai et vous n’entendrez plus jamais parler de moi. »

[i]Serguei raccrocha. On était jamais trop prudent, si vraiment Stold voulait tendre un piège à Serguei, cinq minutes ne seraient pas nécessaires pour le préparer. En attendant, Sergueï prit soin de lisser son faux bouc. Il avait mis les mêmes postiches que pour son entrevue avec Rieeves, qui étaient différentes de celles qu’il avait lors de son dernier crime. Son système de déguisements pouvait paraître enfantin, mais ainsi, il ne serait jamais confondu par son physique.

Serguei attendit précisément quatre minutes trente cinq avant de voir arriver un gros homme suintant dans un costume trois pièces. Apparemment, Stold avait du courir. Serguei s’approcha de lui et lui serra rapidement la main avant de l’emmener dans une ruelle moins fréquentée. Là, il le fouilla rapidement, cherchant armes ou micro, avant de commencer la discussion. En cas de pépin, le Russe avait son .45 sur lui.

« Bien, désolé pour ces précautions d’usage. Dans mon milieu, on est jamais trop prudent. J’ai cru comprendre que vous vouliez vous débarrasser de votre femme ? »

Henry haletait, il semblait paniqué, mais repris vite ses esprits. Serguei le comprit, après tout, on ne côtoyait pas de tueurs tout les jours… quand on était un homme normal.

« Oui c’est cela. Cette salope devient vraiment gênante ! Elle s’est tapé la plupart de mes grooms, et même mon chauffeur ! J’en ai marre de devoir licencier mes hommes de mains chaque semaine, et je ne supporte plus que cette garce s’engraisse avec mon fric ! »

« Bien. Vous voulez quelque chose de discret ou le sang ne vous dérange pas ? »

« Je veux que ça passe pour un accident ! Cette grosse vache appartient à une grande famille, et avec tout leurs avocats, ils seraient capables de tout me mettre sur le dos ! »

Serguei réfléchit rapidement, les meilleurs plans étaient ceux qui s’imposaient le premier à l’esprit des tueurs expérimentés. La dame en question devait être rarement seule, difficile de l’approcher donc…

« Votre femme est souvent conduite par votre chauffeur ? »

« Un peu trop à mon goût ! Je viens de le virer ce salaud ! »

« Mmmh… Intéressant. N’engagez personne d’autre. Je pense que vous avez en face de vous votre nouveau chauffeur. J’espère que vous n’avez rien contre la destruction de votre voiture ? »

Stold blanchit, sa tête tournait de droite à gauche. Finalement, il se décida, sa voiture n’était rien face aux problèmes que lui procuraient sa femme. Serguei de son côté, peaufinait son plan. Il conduirait la dame jusqu’à la falaise des pendus, dans le Desert. C’était la route la plus dangereuse de la ville, et une dizaine d’automobilistes y rendaient leur dernier soupir chaque année. Il s’agissait d’une virage assez sec, au bord d’une grande falaise. Seul problème : le corps du chauffeur.
Il paraissait évident que Serguei ne ferait pas le grand saut avec Mme Stold, et même si la voiture brûlait, les légistes constateraient qu’il n’y avait pas de chauffeur à bord. Serguei sourit. Un cadavre, ça se trouvait très facilement à Karandras…

« Bien. Retournez chez vous et n’engagez pas de nouveau chauffeur, je vous recontacterait d’ici peu. A Bientôt Monsieur Stold. »

Henry quitta les lieux sans demander son reste, satisfait de leurs entrevues. De son côté, Serguei retourna chez lui, vérifiant qu’il n’était pas suivi. Une fois dans son nouvel appart’, il enleva ses ridicules postiches et enfila des vêtements discrets. Puis, il alluma son portable et entra le numéro de l’un de ses contacts : Vlad Blakof.
L’homme était un ancien mafieux russe, tout comme Serguei. Ils avaient « servis » ensemble à Moscou. Vlad s’était reconverti dans le petit-banditisme. Il s’occupait de racket, de deals et autres affaires pas nets. Serg’ savait qu’il arrivait à Blakof de conserver quelques cadavres dans les chambres froides du resto qui lui servait de QG. Le type ne rechignerait pas à un moyen facile de se débarrasser de l’un de ses macchabées.

« Oui allo? »

« Vlad ? C’est Serguei.”

“Barthelemy ? Alors c’est vrai, t’es bien rentré en ville ? On me l’avait bien dit mais je n’y croyais pas vraiment. Que me veux-tu mon vieil ami ? »

« Je sais que ça va te paraître bizarre, mais j’ai besoin d’un corps, avec le service de livraison qui va avec. »

« Un corps ? Tu veux dire… un cadavre ? »

« Tu n’as pas ça en stock ? J’aurai besoin d’un mec clean, sans casier et pas au passé trop louche. J’ai besoin d’avoir ses noms et prénoms aussi. »

« Tu veux pas des témoignages de sa famille aussi !? Non sérieusement tu tombes bien, je viens de me faire un mec un peu trop curieux, il avait encore son portefeuille sur lui… Si je me souviens bien il s’appelait Garcio Lopez. Saloperie de latino ! »

Un sourire déchira le visage de Serguei. Garcio Lopez venait de devenir chauffeur officiel de M. Stold, une promotion innatendue !

« Parfait ! Enlève toutes les balles ou ustensiles que t’as laissé dedans et ramènes-le demain soir, vers 21 heures, avec ta caisse, en haut de la vallée des pendus, je t’expliquerai ! »

« Putain qu’est ce que tu vas foutre là-bas ? Bon à demain Barthelemy, t’as interêt à me filer un service prochainement mon pote !»

Vlad raccrocha. Serguei se rappela un instant de son passé et des quelques missions qu’il avait effectué avec Blakof, il n’avait pas l’air d’avoir changé : toujours un cadavre sous le bras ! Après près d’une heure de rêveries, Serguei alla se laver avant de tomber devant la télé, histoire de se détendre avant le jour J.

Le lendemain, il se leva tôt, prenant un soin particulier dans son habillement. Il enfila un costume assez chic, histoire de passer pour un chauffeur d’homme d’affaire. Il prit soin d’appliquer les mêmes postiches que la veille. Le tueur n’emporta aucun arme avec lui, juste le flacon de chloroforme qu’il avait acheté il y a peu ainsi qu’un mouchoir pour l’appliquer.
Il sortit de chez lui après avoir mangé, vers 13 heures, et alla vers la première cabine téléphonique qu’il trouva, composant le numéro de Stold.

« Monsieur Stold ? Ici Steve Rio, je vous ai trouvé un nouveau chauffeur. Rédigez un contrat de travail au nom de Garcio Lopez et signez-le ! Si on vous demande, vous avez eu un coup de fil de Lopez vers quinze heures, sans entrevue, et l’avez engagé très vite car vous aviez besoin d’un chauffeur. Dites à votre femme de ne pas quitter la maison ! J’arriverai chez vous par la porte du garage à vingt heures pile, vous serez là pour m’ouvrir. Vous avez tout compris ? »

« Oui. »

Serguei raccrocha sans en demander plus. Il passa une partie de l’après-midi à se promener ça et là avant de se rendre, à pied, jusqu’à la charmante demeure des Hold, juste à l’heure. Henry lui ouvrit discrètement et Serguei entra, lui intimant de se taire. Le garage des Hold était grand et large. La voiture d’Henry était une belle BMW flambant neuve, le tueur Russe aurait presque de la peine à l’envoyer dans le ravin.
Pour l’instant, il devait s’occuper de Mme Hold, il demanda à son mari de la ramener dans le garage, ce qu’il fit, l’air nerveux. Pendant que le cocu cherchait sa femme, Serguei imbibait son mouchoir avec du chloroforme. Il se dissimula derrière l’entrée du garage. La femme entra, peu méfiante, suivie de son mari qui se demandait où avait bien pu passer son tueur. Soudain, Serguei bondit, étouffant Mme Hold avec le chloroforme. La dame s’endormit très vite dans ses bras.

« Aidez-moi à la charger à l’arrière de la voiture ! »

Henry et Barthelemy placèrent la femme –une blonde assez mince- à l’arrière de la BM. Ils mirent sa ceinture avant de fermer la porte, bien entendu, Serguei portait toujours ses gants.

« Dites au revoir à votre femme… et à votre voiture Monsieur Hold. »

« Bien, partez vite ! »

Serguei obéit, il se mit à bord de la voiture et quitta très vite le garage, se rendant très vite sur la voie rapide et rejoignant le désert. Seules quelques voitures empruntaient la même voie. La nuit tombait. Une fois que Serguei fut seul sur la route sableuse du désert, il arrêta la voiture, se tournant vers le siège arrière et agitant de nouveau un mouchoir chloroformé sous le nez de sa victime, histoire qu’elle ne se réveille pas. Il reprit alors la route jusqu’à la falaise des pendus où une vieille camionette l’attendait –c’était celle de Vlad.

« Tu as dix minutes de retard Serg’! Et on peut pas dire que le macchab dans le coffre m’offrait de quoi discutter. C’est qui celle-là ? »

« T’occupes, elle sera morte d’ici peu. Ouvre ton coffre et aide moi à placer notre ami latino sur la place du conducteur. »

Les deux russes s’occupèrent de charger le corps sur la place du conducteur, en prenant soin de mettre la ceinture. Vlad et Serguei ne laissèrent aucune empreinte. Le tueur russe vérifia qu’il n’avait rien laissé dans la voiture avant d’enlever le frein à main. Il n’y avait aucune voiture en vue, les deux Russes poussèrent la BMW dans le ravin.

La voiture fit une impressionnante série tonneau avant de s’écraser au fond de la vallée. Très vite, elle s’enflamma, et les flammes léchèrent les deux cadavres qui s’y trouvèrent.
Serguei se tourna vers son camarade.

« Et si tu nous conduisais dans un bar à présent ? Je t’offre une vodka ! »

Les deux russes montèrent dans la camionette de Vlad. La mission était terminée.

MJ ON

Serguei garda son calme. Ce n'était pas quelques merdeux de vingt ans qui allaient le faire couler c'était certain. Même si l'un des types venait d'appeler les flics, il ne fallait pas oublier qu'il était 21 heures, et que Serguei était en plein désert. Il faudrait au moins vingt minutes aux flics pour débouler ici. C'était bien assez de temps.
L'un des mecs avait pris une photo - Serguei détestait les photos. Le tueur se tourna vers Vlad.

"Qu'est ce que tu attends ! Démarre et fais en de la bouillie !"


Les types observaient la camionette de Vlad d'un air louche. Ils semblaient avoir compris l'intention des deux hommes... Bien trop tard ! Les trois types sprintèrent jusqu'à leur voiture, malheureusement un peu trop loin pour eux. La voiture de Blakof démarra et les rattrapa très vite. Le premier se prit le coin du capot et fut ejecté sur le côté, le second passa sous les pneux de la camionette, abimant fortement le capot.
Quand au dernier, il allait ouvrir la porte de son pick-up quand Vlad le toucha, défonça la voiture.
Le pauvre type fut écrasé entre le pick-up et la camionette, les jambes broyées, il mourut sur le coup. Les deux Russes purent contempler son visage terrifié, dont s'échappait un filet de sang.

Serguei souffla... Soudain, il aperçut un mouvement dans le rétro. Le second fouineur qu'ils avaient écrasé se relevait, l'air en mauvais état.

"Ils sont solides ces merdeux, recule et achèves-le !"

Vlad s'exécuta. Il n'avait rien perdu de son instinct de tueur, et n'eut aucun remord à rouler une nouvelle fois sur le corps du gamin, en appuyant sur la marche arrière. Histoire d'être sûr de son coup, il avança une nouvelle fois. Les Russes purent entendre un craquement - sans doute le crâne de leur victime.
Serguei se tourna vers Vlad. Il devait vérifier que le premier fouineur qu'ils avaient écrasé était bel et bien mort.

"Reste dans la voiture, je m'occupe du dernier."

"Putain quelle merde ! Magnes-toi !"

Serguei sortit, refermant la portière derrière-lui. Il n'avait aucune arme, mais ce n'était pas un problème. Le type devait avoir une vingtaine d'année, semblait un peu éméché et avait déjà été blessé par la voiture.
Le mec était au sol, à quelques mètres de là. Il ne bougeait pas. Sous la camionette de Vlad, Serguei vit une flaque de sang. Apparemment, celui qu'il venait d'écraser était bel et bien mort.

Avant de rejoindre le dernier "obstacle", Serguei s'empara d'une pierre assez pointue. Il portait toujours ses gants... Ne jamais laisser aucune trace. Le tueur s'approcha lentement de sa cible, qui semblait se réveiller doucement. Avant qu'il ne puisse se relever, Serguei lui décrocha un violent coup de pierre dans le crâne.
Le type encaisse en hurlant. Il s'échappa comme il le pouvait, en rampant.

"Pitié mec ! Pas ça ! Dé... désolé ! J'dirais au flic que j'était bourré ! J'ai rien vu promis..."

Serguei ne se laissa pas attendrir, il lança la pierre violemment sur le crâne de sa victime. La chemise hawaïenne du type était couverte de son sang. En prenant soin de ne pas salir ses vêtements, Serguei s'approcha du gamin, lui serrant la gorge avec ses mains. Sonné, le futur cadavre ne réagit pas. Il finit cependant par remuer un peu avant de se calmer définitivement.
Travail bien fait. Serguei essuya ses gants dans le sable du désert. Le reste de ses vêtements n'était pas sali (il vérifia plusieurs fois).

Les meurtres avaient durés environ huit minutes, ce qui laissait un peu de temps aux Russes pour récupérer les corps. Quelques secondes après la mort du dernier gars, Blakof arriva avec de grands sachets plastiques -outil favori d'un tueur comme lui. Il emballa rapidement -avec une déxtérité qui traduisait son habitude- chacun des corps, pendant que Serguei effaçait les preuves -sous formes de photos et de vidéos- des portables de ses victimes. Histoire d'être sûr, il détruisit leurs cartes SIM avant de les replacer - brisées- dans l'emplacement qui leur était reservée.

Les Russes chargèrent ensuite les trois corps dans la camionette de Blakof à toute allure, et démarrèrent en trombe, après avoir vérifié qu'ils n'avaient laissé aucunes traces. Vlad conduisait lentement, les phares éteints. L'avant de sa voiture était détruit et une fumée s'échappait du coffre. Après avoir suivi la route une minute ou deux, il s'en écarta, amenant sa voiture dans un coin paumé du désert.
Une fois assurés d'être seuls, les deux Russes quittèrent le véhicule.

"Désolé Vlad, mais tu sais ce qu'il nous reste à faire..."

"Bah ! Elle n'était plus toute neuve de toute façon... Et je préfère ça à la prison. Prends tes affaires et sors."

Les tueurs se comprenaient. Vlad alla chercher son bidon d'essence, dans le coffre, et déversa tout sur sa vieille caisse. Serguei craqua une allumette et la lança sur la voiture. Les flammes dévorerait les cadavres ainsi que toutes les preuves. Il ne restait plus aux tueurs qu'à rentrer dans la ville.

Ils s'éclipsèrent rapidement, les flammes pourraient avertir les flics. Après un long sprint, ils prirent une marche plus calme, se dirigeant calmement vers la ville.

"Putain Serguei ! On peut dire que tu me revaudras ça ! Et c'est pas les dix vodkas que tu m'offriras dès qu'on sera en ville qui serviront de remboursement !"

Serguei sourit. Il aimait ce type au fond.

"A la vie à la mort camarade !"

"Eh eh ! A la vie à la mort !"

La cammionette brula sous le soleil du desert. Vu l'emplacement éloigné de ma route, personne ne la vit, mis a part les deux agents qui se sont rendus sur le lieu que le jeune, qui n'avait pas voulu donner son nom, leur avait indiqué. Sur la route, ils virent l'épave du van, brulée. Ils continurent leur route, trop fainaiant pour s'occuper d'une affaire qui n'était pas censé les concernés. Ils continurent leur route, et virent le pick up au bout de la falaise. Le conducteur sortit, suivit de son collègue :

Putain, ils sont ou ses branleurs..

J'ai pas envie de m'éterniser ici. Et rien qu'en pensant au raport que je vais devoir taper, alors que le meilleur match de football se déroule en ce moment, ça me rend nerveux. Allez vien on dégage, personne n'a rien vu, il ne s'est rien passé ici..

Les deux flics rentrèrent au commisariat, en tapant leur rapport qui ne portait aucun nom.


Quand a ton employeur, il te remerçie amplement, et te donne 10.000$, entassés dans une petite malette qu'il te tend.

Mission validée !

+10.000$
+15 de réputation.

Essaye de rendre un service a Vlad