Chasse à l'homme [Barthélémy - Stazi]

Les salles sombres de l’Irkoutsk sont propices à toutes sortes de réunions, celle qui allait bientôt se dérouler rassemblera l’ancienne génération des grands de Karandras et pas des moindres, imaginez mettre dans la même pièce trois légendes de la mafia russe de la moribonde ville : Serge Helvitch, Sergueï Barthélémy et le dernier revenant Stavro Stazi, tous les trois des cerveaux redoutables, des assassins et des manipulateurs dangereux, ils se retrouvent de nouveau et cette fois-ci, l’animosité aurait peut être disparu. Serge avait été le premier à revenir, n’ayant pas tellement quitté les affaires dans cette ville, il apprit le retour d’exil de Barthélémy qui recommence à se tailler une réputation honorable puis il y a quelques semaines, quelle surprise il apprit, Stazi était en vie. Serge avait orchestré quelque peu son retour en programmant l’assassinat de Christie mais chut, c’est un secret.

C’est au premier étage du luxueux restaurant que Serge accompagné de Youri, son fidèle garde du corps et chauffeur ainsi qu’une armoire à glace dans le fond de la salle attendait leurs convives. Helvitch avait appelé Barthélémy, lui sommant de venir pour un travail urgent et extrêmement intéressant financièrement parlant, ensuite, le lendemain, il avait prévenu un type pour contacter Stazi de l’amener ici. Ils ne devraient pas tarder. Le russe n’était pas vêtu du traditionnel costume, juste un sobre tee-shirt noir, pourquoi, aucune idée. Le silence régnait en tout cas dans la salle, Serge n’étant pas un type très bavard.

La salle était simple, spacieuse, de couleur rouge avec une lumière chaleureuse, trois sièges autour d’une table d’un bois vernis. Youri et le second homme de main restaient debout alors que Serge paraissait méditer tapotant quelques notes imaginaires sur la table faisant trembler les trois petits verres, une bouteille de vodka se trouvant dans un coin. Un dossier était également posé devant Helvitch, le dossier Strickland, le dossier brûlant du moment.

On entendit juste l’énorme porte s’ouvrir, Serge se redressa, sûrement un de ses premiers rendez-vous. Il attendit, impatient comme un gosse.

Serguei était splendide -rien à dire de plus- dans son costume trois pièces de luxe. Après les semaines passées à porter des T-shirts ou des chemises minables, il se sentait enfin redevenir lui-même. Pour appuyer cela, le Colt-45 qui lui touchait le torse à travers la poche intérieure de sa veste lui rappelait sa nature plus dangereuse. Il l'avait emporté par convention, mais savait qu'il n'en aurait pas l'usage. Il avait confiance en Helvitch.

Malgrès le différent qui avait opposé les deux hommes dans Karandras, tout avait été effacé à présent. Ils n'étaient plus aussi proches qu'à Moscou, mais pouvait se voir en toute confiance.
Barthelemy était un peu à l'avance, il fut acceuilli par une brute Russe sans classe qui représentait le mafieux russe moyen à présent. Il se laissa guider jusqu'à une grande porte qui s'ouvrit sur Helvitch et ses sbires - cela avait l'air d'une vraie réunion.

"Bonsoir Serge. Tu m'excusera mais je suis un peu à l'avance."

Le sbire d'Helvtich s'approcha de Serguei pour le fouiller, mais le tueur lui donna une claque sur la tête.

"Pas touche. Mon Colt est au même endroit que d'habitude, et il ne bougera pas."

Impertinent, Serguei avança. Le mafieux qu'il venait de gifler ne broncha pas, sans doute impressioné par la carrière de Barthelemy. Le Russe s'approcha d'Helvitch, lui faisant une gracieuse révérence avant de s'asseoir.

"Je vois qu'il y a un troisième siège ici..."

Serguei avait deviné.

"Notre ami Stazi n'est-ce pas ? Je l'ai vu à l'oeuvre hier soir, toujours aussi gauche et brutal. Cela ne m'étonne pas qu'il n'ait jamais réussi à m'avoir. Ainsi, c'est toi qui a commandité la mort de Christie ? Je t'en remercie, c'est cet enfoiré qui a buté Caitlin Delanay."

Mon portable vibre. Un SMS.

Citation :: Ramène toi, on a un truc pour toi, c’est urgent.

Je me lève rapidement, une courte douche, un T-shirt noir, un simple jean, et j’étais déjà parti dans les rues animées du quartier.

Ce n’est plus à l’entrepôt que se règle les histoires mais dans le restaurant, véritable repaire des Helvitch, un vrai nid à fourmi.

25mn plus tard j’étais là, un homme de main me conduit dans une pièce sombre, une silhouette demeurait à l’ombre, une silhouette svelte et sombre, Serge... Un autre homme assis sur un siège grenat, le sourire aux lèvres a l’air d’attendre quelque chose, de m’attendre...

Serguei... A une époque, c’était une légende pour moi, je ne le voyais jamais, j’avais toujours le lieutenant Serge comme intermédiaire maintenant c'est comme mon égal, va savoir qui est le plus gradé...
Un mec à la gueule cassée traîne à coté de lui, il a vraiment une sale tronche...

Je souris, dire que j’ai voué une haine profonde à ces deux hommes, deux ans plutôt je les aurais trucidés sur place...

Serge me regarde d’un air froid, tout comme moi, lui et moi on a eu vers la fin, une petite tension, tellement petite que j’ai essayé de le faire sauter avec une grenade....

Serguei n’en parlons pas, le traître, le mec qui m’a rendu moins crédible aux yeux de la moitié des mafieux... Merci Serguei ! Un petit picotement se fait sentir dans la gorge, ma fierté de russe refait surface, pouvoir les écraser là, maintenant ! Je serre les poings, c’est fini, toutes ces histoires de règlements de comptes sont finies....

Je n’ai plus de rancœur, c’est de l’histoire ancienne, repartons sur de bonnes bases...
Une courte poignée de main...

Vous n’avez pas changés... Ca fait combien de temps qu’on ne s’est pas vu... Deux ans je crois bien... A Saint-Pétersbourg ils ne nous portent pas dans leurs cœurs, toujours à nous critiquer ces enfoirés...

Mon regard se jette sur son homme de main, l’air mauvais, je lui jette un œil noir, y à des mecs que t’as envie de tuer au premier coup d’œil...

Alors c’est quoi la mission ? Ca doit être un truc important pour réunir les trois renégats de la mafia...

Le clan a du changé depuis le temps... En parlant de ça j’aimerais bien savoir ce que sont devenus mes anciens hommes de mains...
Je prends place dans un des nombreux sièges, un homme de main me sert un verre de Vodka, je le bois, prêt à écouter ce qu’a a dire « Le dandy »

Le contraste entre la classe de Barthélémy et la brutalité de Stazi était encore plus marqué que d’habitude. Comme à son habitude, ce fut Sergueï qui arriva le premier, toujours en avance et toujours une pointe de tact impressionnante. Serge décochait plusieurs sourires en direction de la scène de la fouille, ces nouveaux hommes de main subissent vraiment des conditions de travail horribles. Sergueï n’avait pas changé d’un poil, il était surtout au courant de pas mal de choses qui auraient dû rester des rumeurs de couloirs, ce qui est assez inquiétant.

Il n’eut pas le temps de parler que Barthélémy lui coupa la parole, au courant pour Stazi. Et la petite pique sur lui, le fit doucement rigoler, exactement ce qu’il désirait. En effet, Serge voulait tester quelque chose dans sa traque au Strickland, un cocktail explosif, faire jouer la concurrence, Stavro et Sergueï sont des hommes orgueilleux et fiers, ils donneront tout pour surpasser l’autre, la concurrence comme moyen de booster les performances de la mission. Ne voyant pas arriver Stazi et n’entendant surtout la lourde se refermer. Il fit un geste désagréable à l’homme de main qui avait accompagné Sergueï jusqu’ici pour le faire sortir avant de tenter un petit discours le temps que leur second convive débarque.

« C’est sa marque de fabrique, le principal c’est que Christie soit mort, je savais pas pour ta … comment je dois dire … bref … il en savait un peu trop et je voulais si le vieux débris valait encore quelque chose. »

Youri toussota en rigolant dans le fond de la salle. Il avait déjà entendu de ce « major suicide » et de ces méthodes rudimentaires. Rudimentaires certes, mais parfois efficaces et beaucoup plus démonstratives. La lourde se referme, Serge, qui venait de s’ouvrir au dialogue, se referma de nouveau, Stazi allait arriver d’une minute à l’autre, il vaudrait mieux éviter de se moquer de lui. Helvitch eut une petite difficulté à le reconnaître mais c’était bien lui, le même visage buriné et toujours cette tronche de contre-plaqué, un russe dans toute sa rugosité.

Tellement de souvenirs emplissaient le cœur de Serge à la vue de type, il se souvenait surtout des derniers jours du « major suicide » a Karandras, l’affaire avec l’Italienne, l’attentat loupé et l’exil. Serge le fixait. Finalement Stazi fut le premier à briser et à leur serrer la main. Après un moment d’hésitation, et un verre, Helvitch commença juste.

« C’est pas très important en fait, par contre le pognon en jeu ouais … »

Les yeux rivés sur Stazi qui avait toujours eut un faible pour l’argent. Helvitch distingua juste sur les avants bras du renégat des tatouages, intéressant, la tradition reprend partout. En parlant de ça, Serge venait juste d’en faire un dernier, désormais, quatre lettres cyrilliques se trouvaient graver au niveau de la première phalange de chacun de ses doigts de la main droite. Il reprit son discours, ouvrant le dossier.

« Strickland, une grosse bite qui fait de la lutte, il a commit une grosse erreur en jouant au con avec nous. »

Il marqua une pause, la suite allait sans doute plaire aux convives.

« Si bien que le clan en a fait une affaire personnelle … Les patrons en donnent pour 40.000 $ à celui qui le butera. »

Même Youri se leva de contre le mur, on pouvait s’acheter une bagnole en dévissant un négro ?

La somme accordée pour Strikland était plus qu'attirante Serguei étudia l'affaire avec un oeil interessé. Stavro paraissait omnubilé par cette somme. De son côté, Serguei voulait garder un regard pratique.

"40.000 ? Ce type doit être dangereux... C'est quoi son Palmarès ?"

Le tueur n'avait pas vraiment peur de la cible, mais mieux valait connaitre les points forts et les points faibles de l'animal avant de le débusquer et de l'abattre. Un seul problème, Stazi. Pourquoi mettre deux tueurs pour l'affaire ? Surtout une tête de mule comme Stavro. A moins qu'il n'ait changé, il n'acceptera pas de travailler en duo.

Serge jouait à un jeu étrange. Le choix de Stazi pouvait paraître mauvais sur cette affaire. Tuer un lutteur ? Serguei voyait mal Stazi vaincre un boxeur professionel à mains nues, et comme le Major ne pouvait pas s'empêcher de frapper ses proies à mains nues.

"Ce Strikland ne m'effraie pas, mais je refuse l'offre si Stavro n'accepte pas de bosser avec moi. J'emmènerai également Vlad Blakof avec nous, tu dois te souvenir de lui Serge ? Nous avions bossé ensemble sur Moscou."

Vlad, Serge et Serguei avaient formé un trio de choc à la mafia... C'était la belle époque. Tout en parlant, Serguei élaborait un plan. Le black avait beau être un lutteur impressionant, Barthelemy doutait que sa carapace de muscle résiste aux balles.

"Il habite dans un appartement de l'AS n'est ce pas ? Je propose que nous l'abattions là-bas. Stavro, tu sera chargé d'aller le ceuillir dans son appart. Vlad montera la garde à l'entrée de l'immeuble pendant que je serai posté sur le bâtiment d'en face avec un sniper. Si jamais il quitte l'appart ou s'approche de trop près de la fenêtre, je l'abatterais. Si tu acceptes ce plan Stavro, je te laisserai 20.000 $ pendant que je partagerai le reste 50/50 avec Vlad. Je lui dois un service..."

Serguei s'enfonça dans son fauteuil, avala une gorgée de vodka avant d'écouter le verdict de ses compagnons."

Je laissais les deux blablatter. Tout ce grabuge pour un seul homme, un combattant raté, de petite envergure, même deux hommes de mains comme le lourdaud qu’est avec Serge peuvent s’en occuper...

En parlant de lui, il prenait de plus en plus un mauvais œil avec moi... Il faut que je lui apprenne le respect, trop peu de russes suivent le code d’honneur du clan.

Strickland.... Pour 40.000$, c’est une jolie somme, il doit avoir un talent, quelque chose de caché, mais quoi ?

Cette affaire m’intrigue, ça pue l’embrouille, il y a quelque chose dessous, mais quoi ?
Une tentative d’assassinat contre moi ? Ca pourrait se tenir, voyant que moi et Serguei, ses plus grands ennemis sommes là, avec notre garde baissée nous pourrions être des cibles faciles...

Voilà que je deviens paranoïaque... Une paranoïa justifiée néanmoins...
Ils pourraient même être de mèches tous les deux... C’est sur, je ne coopère avec personne sur ce coup, soit je me le fais seul, soit je laisse tomber. Après les avoir laissés exposer leurs plans, je touche mon mot...

Désolé, mais je pense que notre coopération sera impossible, ce n’est pas à cause du passé, ou de toi-même... J’ai mes raisons... Ton plan à l’air bien maigre Serguei, on ne sait encore rien du sujet si ce n’est qu’il est un combattant....hors pair et qu’on a déjà flingué son entraîneur, à c’t’heure ci il doit être planqué au Pérou ou dans un autre bled paumé... C’était bien pensé, mais ce plan tu le feras sans moi...

Si ils veulent me baiser, ils ne sont pas nés de la dernière pluie, une voix me crie que s’ils auraient voulu me tuer, ils l’auraient déjà fait, mais je suis parano...

La haine puis la colère se succède, je brise mon verre dans ma main droite, je m’ouvre la main, la Vodka coulant sur ma blessure me pique, je m’adresse au chien-chien :

Va me chercher une serviette...

Il ne bouge pas, il a du mal à réagir...

Plus vite !

Il lance un regard à son maître avant de se bouger les fesses... Règne une atmosphère silencieuse et poisseuse avant que le molosse me jette la serviette avec dédain, le regard noir :

J’enroule la serviette autour de ma main, avant de faire un nœud solide, puis d’un revers de la main gifle la joue grosse et dure de Youri, à trois reprises. Au troisième il s’agenouille, c’est tous ce que je voulais :

Ne me refais plus jamais ce coup là !

Mes yeux sont exorbités, j’ai envie de lui défoncer le crâne a coups de poings jusqu'à ce que mort s’en suive...

Il me fait soudain pitié, comme un enfant qu’on gifle puis qu’on étreint en s’excusant... Mon fils... Faudrait que je songe à le revoir...

Je remets bien les plis de son costume :

Relève toi..

Je reprends place dans mon fauteuil. Un sourire s’esquisse, une idée pointe le bout de son nez, détrônant la meilleure.

Pourquoi pas engager une petite compétition mon cher Serguei ? T’as ton équipe j’ai la mienne, seul le meilleur gagne... Ce serait pas mal pour deux hommes qui commencent à se faire vieux...

Rien qu’en pensant perdre face à Serguei j’éclate de rire... Un rire qui n’a pas sa place face a cette réunion sobre et discrete....

Colérique, impulsif, dangereux et profondément crétin, ce fut les seuls mots qui passaient par la tête de Serge en observant médusé l’attitude de Stazi, ce type ressemblait plus à une tâche qui voulait se démarquer plutôt que d’un chef réputé et froid. Le type qu’il venait de martyriser n’était même pas un homme de main, seulement un russe qui bosse dans le restaurant, une personne qui fait seulement son travail, acceptant de fermer les yeux sur les paroles de cette réunion. N’importe qui l’aurait sorti de force avec un doigt en moins mais Serge avait réellement besoin de lui, pour son plan, qu’il avait élaboré lors de ses nuits d’insomnie.

Les rancœurs personnelles ressortaient de nouveau, le bloc soudé de la mafia venait de partir en éclat avec l’intervention de ces deux hommes qui agissaient par leur intérêt personnel et pas pour l’honneur de leur organisation. Alors qu’il écouta attentivement les dires de Sergueï, Serge se montra beaucoup plus évasif, détournant même le regard lorsque Stazi s’adressa à eux, un vrai porc borné sur-estimé. Une fois la petite crise terminée, Serge fit un petit geste envers le serveur lui chuchotant quelque chose dans l’oreille avant de lui tapoter l’épaule. Le type disparut laissant les cinq mafieux entre eux. Youri et son acolyte était resté au fond, si le second était resté impassible, Youri au contraire lançait des éclairs de dédain sur Stazi se demandant comment Helvitch avait pu faire confiance à un tel type.

La seconde proposition de Stavro était beaucoup plus intéressante, surtout pour le clan mais un peu trop perverse trouva Serge qui tenta de calmer le jeu, voyant bien que la situation puisse très bien dégénérer en un règlement de compte.

« Messieurs du calme, il n’est plus question de rivalité ici, juste de descendre un petit enfoiré. »

Attendant quelques secondes que l’attention revienne sur lui, il s’installa confortablement dans le fauteuil. Il n’était pas le patron mais représentait le clan dans cette affaire.

« Nous n’avons aucune adresse, nous ne savons où il va tirer son coup, ni qui est son contact dans la boxe. Pour l’instant nous ne voulons plus d’actions ratées. »

Il faisait directement allusion à une précédente tentative qui avait tourné au vinaigre.

« Il nous faut donc tout ça et peut importe comment vous y accéder. Il nous faut ces informations dans deux semaines maximum, ensuite nous ajusterons notre plan de chasse messieurs. »

Serge faisait excessivement attention à utiliser des pronoms impersonnels, il ne devait pas donner l’impression de donner des ordres.

« Des questions sur notre cible ? »

Serguei était resté calme, comme à son habitude, même devant les pitreries de Stavro. Apparemment, ce gosse n'avait pas changé. Peut-être cela l'amusait-il de se jeter du premier étage d'un immeuble sur une caisse, ou de gifler un type qui ne lui avait rien fait, mais Serguei, lui, était un professionnel.

Les différents cas de figure ne laissaient que peu de choix au tueur. Si Barthelemy avait été à la place de Serge, Stazi serait sorti du resto dans un sac, mais apparemment, Helvitch s'était rammoli. Serguei aurait accepté le contrat si Stavro n'avait pas été sur l'affaire, mais il ne pouvait pas se permettre d'avoir ce gus dans les pattes.
Après avoir murement réfléchir, il se leva, décidé par la question finale d'Helvitch.

"Aucune question, car je n'accepte pas le contrat. Il n'y a pas de duel qui compte. La règle d'or : ne jamais envoyer deux tueurs sur la même cible. Car tu sais quoi Stazi ? J'aurai gagné ce duel... en t'envoyant six pieds sous terre illico presto !"

Serguei se dirigea vers la sortie d'un pas franc, sous le sourire de Youri, ravi par ce retournement de situation. Arrivé à la porte, Serguei se retourna vers ses deux "camarades".

"N'hésite pas à refaire appel à moi Helvitch, quand ton chien fou aura râté sa mission..."

Serguei allait partir quand il se rappela d'une chose.

"Et au fait Stavro... Merci d'avoir éliminé Christie, même si c'était un travail d'amateur, tu m'enlèves une épine du pied. Bonsoir messieurs."

Serguei était parti sur ce remerciement qui nuancait sa colère moqueuse. Il quitta rapidement le restaurant et les Russes entendirent crisser les pneux de sa Mercedes...

Un sourire carnassier s’affichait sur mon visage, Serguei se trouvait vexé par ma proposition, du fait que j’ai refusé son offre, et Serge ne s’en trouvait pas moins sombre, le fait que j’ai maltraité son petit protégé l’a rendu pas moins haineux, trop de tensions dans ce rendez-vous sensé nous « lier » d’avantage avec cette affaire de Strickland...
Serguei coléreux c’est toujours drôle, comme un clown qui s’énerve...

Toi m’envoyer six pieds sous terre ? Même avec un bras cassé tu ne me touches pas... Sale traître....

Déçu par le refus de Serguei, la mission n’en sera que plus facile...
Du travail d’amateur... Cette remarque m’est restée en travers de la gorge, je regrette il y a deux ans de ne pas l’avoir buté au Brésil... Putain ! Tous ces visages, tout cette tripotée de personnes en costumes, coincés dans leurs pantalons à pinces, j’avais nvie de les dégommer un par un, un gros calibre dans les mains... Je vois déjà le tableau : Des taches acres étalées sur le mur avec des cadavres noirs et blancs entassés les uns sur les autres...
Je me ressers de la Vodka et observe les deux lascars en face de moi, la Mercedes de Serguei part en trombe, et je me masse la blessure ajoutant tranquillement :

Si je me rappelle bien, on a buté son entraîneur, c’est ou la salle ou il s’entraînait ?

Serge me jette une carte, je la rattrape au vol, et lis ce qu’il y a marqué dessus :

Citation :: Industrial Sector, 27th Street, 2 – Karandras-City- Gennero’s Boxing Club.

Je la range dans ma poche de jean, et me lève direction la sortie, apparemment je ne suis –plus- le bienvenu...

Je te tiens au courant, Dandy...

Je claque la porte derrière moi, un sourire carnassier aux lèvres, une nouvelle mission ? Pourquoi pas...

Serge était resté impassible lorsque les deux grands singes recommencèrent à se lancer des vannes même si au plus profond de lui, il en était profondément attristé. Alors qu’ils auraient pu reformer un trio détonnant et relancer le meurtre, la peur et la stupéfaction, les lions russes ont choisi de tracer chacun leurs voies, celle de Serge semblait sûrement la plus agréable. En effet, Segueï était déjà bien déconsidérée et pas de doute que ce refus puisse être prit comme un affront, quant à Stazi, l’histoire avec sa petite famille tout ça, le genre de truc pour péter un câble.

Ainsi Sergueï quitta l’endroit, faisant exprès de crisser ses pneus devant le restaurant, Serge restait pensif et la seule chose qui lui traversa fut simple : s’il a fait peur à des clients avec sa bagnole il pourrait le payer très cher. Bon il aura besoin des services de Barthélémy pour une autre affaire, celle du garagiste. L’ambiance était plus que morose, le mafieux restant avec Stazi l’asocial ; heureusement qu’il restait encore deux autres armoires pour assurer sa sécurité, les poings de Stavro volant facilement.

Stazi fit une remarque que n’apprécia pas Serge, qui répondit par un léger soupir. Comment pouvait il dire « on » ? Non cette fois-ci tout est clair, il n’a plus besoin qu’il reste ici, et puis le dîner va commencer. Serge jette la carte du dossier où est cerclé de rouge la résidence où est la famille du coach de Stricklan fut sauvagement attaquée. En bordure de l’industrial et du quartier italien. Message reçu parfaitement, Stazi disparaît du visuel.

Une fois la porte de la salle fermée, Youri se redressa et s’approcha de son patron toujours assit, dépité par les attitudes des deux mafieux.

« Vous croyez que c’est sûr comme plan Monsieur ? »

« A un ou deux, ça ne change rien, Strickland va crever, mais je commence à me poser des questions assez difficiles à expliquer. »

Il se tourna vers son garde du corps, un sourire gêné avant de se lever. Il y a quelque chose qui cloche.

[Topic Fini]

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