On ne vole pas un Barthelemy

Arrivé à la direction du Gangster Times depuis maintenant plus d'une semaine, Serguei était encore en train de fouiller dans tout les documents administratifs, factures, reçus, etc. dans le but d'optimiser les revenus de sa nouvelle boîte.
Il s'était vite aperçu que quelques anomalies régnaient dans les comptes du Gangster Times, notamment au niveau de certaines factures. Celles de l'imprimerie, par exemple, n'avait pas cessé de grimper au cours de l'année dernière. Les factures étant prélevées directement chaque mois, l'ancien directeur n'avait du se rendre compte de rien, ne s'occupant pas des paperasses. Mais Serguei n'était pas du genre à se faire baiser par un abruti d'imprimeur.
On aurait pu le traiter de radin mais c'est avec les petites sommes qu'on faisaient de grandes fortunes. Le nouveau directeur refusait de payer chaque mois deux fois trop cher pour voir ses journaux imprimés.

Caitlin avait convoqué Rodriguez Alfonso, le patron de l'imprimerie, dans les locaux du journal. Serguei esperait bien avoir une explication et une bonne. Dans la mafia, un vol était synonyme de mort, Serguei l'avait bien vu quand il avait quitté les Russes, mais dans le monde de la papeterie, cela serait simplement un renvoi.
L'interphone sonna et on put entendre la dure voix de Caitlin.

"Monsieur Alfonso est ici."

"Faites le entrer !"

Un homme d'une soixantaine d'années, serré dans un minable costume qui conviendrait à peine à un vendeur de voitures d'occasions, fit irruption dans la pièce, un pâle sourire aux lèvres. Il faisait tâche dans la décoration si classieuse du bureau de Serguei.

"Asseillez vous Rodriguez ! Votre air peu réjoui me laisse comprendre que vous savez pourquoi vous êtes là !"

Le minable imprimeur prit place, le visage triste. Ce salopard serait enfin viré après des années d'arnaque, Serguei lancerait des poursuites contre lui, sa vie serait ruinée. L'imprimeur se mit soudain à sangloter, il s'avança vers Barthelemy qui recula, écoeuré.

"Excusez moi monsieur ! Je savais que vous finiriez par le voir mais... Ils ont menacés ma famille ! Ils.... Ils me tueront s'ils apprennent..."

Serguei fronça les sourcils. "Ils" ? Ainsi ce n'était pas ce cafard qui volait le Gangster Times. Ces "ils" en question allaient apprendre à voler Barthelemy, mais il devait en savoir plus.

"Calmez vous ! Il ne vous arrivera rien. Expliquez moi plus calmement. Qui sont ces hommes dont vous parlez ?"

"Des... Des gangsters. Ils viennent nous racketter depuis des mois ! Chaque semaine... Je devais gonfler les factures pour ne pas vouler l'imprimerie. Vous comprenez ? Ils ont menacé ma femme ! Je ne suis pas un guerrier."

Serguei sourit. Ses hommes, eux, en étaient.

"Okay ! Vous garderez votre poste rassurez vous. A quoi ressemblent-ils exactement ? Et quand viennent-ils ?"

"Ils... Ils viennent chaque semaine, ils seront là ce soir, c'est toujours à la même heure : 18 heures... Ce sont des types en costume, il y a un afro et les autres sont blancs. Ils sont trois."

Serguei étudia la situation. Ce n'était pas un gang, à part les Road Knights de cet emmerdeur de Solomon, qui ne portaient pas de costumes, aucune organisation n'est interaciale. Donc, il s'agissait sans doute de quelques types qui se prenaient pour des caïds. Aucun problème en fin de compte, ils seraient bientôt froids !

"Bien. Ne dites rien à personne. Ce soir, donnez leur ce qu'ils demandent comme d'habitude. Puis, vous n'entendrez plus parler d'eux."

Rodriguez fuya le bureau après avoir remercié son patron, il semblait assez soulagé. Serguei appela Caitlin à l'interphone, lui demandant de ramener Daisuke Kurayami, l'ancien Yakuza qu'il avait engagé.

Le Japonais arriva quelques minutes plus tard, portant une chemise blanche sur laquelle était brodé un dragon. Bien entendu, le tueur, trop attaché à son image, n'obéissait pas à Barthelemy, et refusait d'enfiler l'uniforme de sa sécurité. Ce n'était pas le problème.

"Bonjour Daisuke. Comment vas-tu ?"

Le Japonais observa son patron d'un air méprisant, il répondit avec un fort accent.

"Vous savez très bien que ça ne va pas ! Vous m'aviez promis un peu d'action ! Karandras ville du crime ? Je m'ennuie ferme ici. Si cela continue, je retournes à Tokyo, il y avait au moins de bonnes bôites là-bas."

"Calme toi mon ami ! J'ai justement un travail pour toi !"

Serguei posa le sabre que Caitlin avait acheté dans le traditional Weapons Store, à sa vue, Daisuke adopta un sourire carnassier. Barthelemy posa l'adresse de l'imprimerie et une photo d'identité de Rodriguez.

"Des mecs en costard vont racketter l'homme que tu vois là. Je te demande de les suivre avec ma Mercedes. Appelles moi dès que tu as trouvé leur planque ! L'adresse de l'imprimerie est notée sur ce papier."

"Enfin un peu d'action !"

Daisuke prit la S300 de son patron et se rendit à l'adresse indiquée où il attendit un bon moment. L'imprimerie était un grand bâtiment pas trop laid, contrairement aux alentours. Les voitures garées près de là, par contre, étaient toutes de vieux cagots que l'ex-Yakuza avait honte de regarder.
Une BMW s'arrêta soudain près de l'entrée. Deux hommes en sortirent pendant qu'un autre était au volant. Ils étaient assez louches pour être les types recherchés. Lorsqu'ils réapparurent une malette à la main, le Japonais en fut sûr.

Il attendit un instant après le départ de la BMW puis engagea la poursuite, très discrètement. Laissant toujours une voiture ou deux entre lui et ses cibles, il les suivit à travers toute la ville, jusqu'à un vieux quartier résidentiel à la limite du secteur industriel. La maison à laquelle ils s'arrêtèrent ne payait pas de mine, elle devait uniquement servir de QG à ce gang improvisé.
Un homme armé vint ouvrir aux trois autres qui entrèrent en riant. Ils n'avaient pas vu leur poursuivant, c'étaient de vrais amateurs !
Daisuke appela Barthelemy avec son portable.

"Je les ai trouvé Monsieur ! 8 Rue Roosevelt dans un quartier presque abandonné. Apparement, c'est l'une des seules maisons habitées. J'en ai vu quatre pour l'instant."

"Bien. Tu te sens de taille à les affronter seul ?"

"Ne m'insultez pas !"

"Alors fonce ! Tues les tous et récupère tout le fric que tu trouves, ça nous aidera à rembourser tout ce qu'ils ont volés !"

"Ce sera un plaisir."

Daisuke chargea son Colt Python, accrocha le fourreau de son katana à sa ceinture, et enfila une sweat noir et une paire de gants.
Il ouvrit la Mercedes, garée à trois maisons de celle des racketteurs, à l'abri de leurs regards, et se rendit chez ses cibles.
Très discret, le Japonais contourna les fenêtres du bâtiment. pour arriver dans le dos de la maison.
C'était une bâtisse d'un étage, le toit s'abaissait au niveau du garage. Il y avait une fenêtre ouverte au premier. Daisuke escalada la colone de soutien de la maison et se retrouva sur le toit. Il avança à pas de loups vers la fenêtre ouverte, faisant passer son Colt par l'ouverture.

La fenêtre donnait sur une chambre éteinte. Une forme était allongée sur un lit, emmitouflée dans une couverture. L'un de ces types dormait purement et simplement. Daisuke entra silencieusement dans la pièce, sortit son katana du fourreau et égorgea l'endormi, silencieusement.
Il ne serait jamais qu'il était mort. Aucun bruit.

Daisuke ouvrit la porte de la chambre, qui donnait sur un couloir allumé mais vide. Il avança à pas discrets, on entendait du bruit en bas, des rires et des tintements de verres. Des voix aussi, le ton légèrement affaibli par la distance.

"Un carré d'as ! Enculé ! T'es un vrai cocu !"

"Passe moi une bière au lieu de dire des conneries, on se refait une partie !"

Ils jouaient au poker. Bien, ils se seraient amusés la dernière soirée de leur vie. Daisuke sourit, le massacre allait commencer. Le couloir donnait sur une mezannine, d'où l'on pouvait voir un vaste salon vide. Ils devaient jouer dans la cuisine. Daisuke s'apprêtait à descendre les escaliers quand une porte du couloir, juste à côté de lui, s'ouvrit soudainement.
Un homme quittait une autre chambre, Daisuke bondit sur lui, le plaquant à terre. Il le frappa du manche du katana avant de lui percer le ventre. Le cri de l'homme fut abomminable. Daisuke se releva instantanément.
En bas, les voix s'étaient faites plus sérieuses et paniquées.

"Vous avez entendu les mecs ? Hey James ! T'es là-haut ? Pourquoi tu cries ? James, Duke ? Les mecs putain ! C'est pas drôle !"

Des bruits de pas se firent entendre.

"Mic vas voir ce qui se passe ! Jo tu reste avec moi, on va le couvrir."

Daisuke éteignit le couloir et s'enfonça dans l'obscurité. Ces abrutis venaient de lui réveler leur dernier atout : leur nombre. Plus que trois de ces crapules de secondes zone à éliminer.
Des bruit de pas dans l'escalier résonnèrent. Daisuke évalua très vite les distances. Il pouvait sauter de l'escalier dans le salon sans se briser les jambes, son plan était prêt, et il misait uniquement sur l'inaptitude de ses adversaires. Si l'un d'entre eux était bon tireur c'en était fini de lui.
Il dégaina son Colt et attendit sa future victime.

L'homme ne tarda pas à apparaitre, un glock dans les mains, l'air hagard. Une balle de Colt lui rapprocha les sourcils, faisant gicler sa cervelle.
Le corps du racketteur n'était pas encore tombé que Daisuke avait apparu, bondissant de la mezzanine au salon, sans passer par l'escalier.
Les deux gangsters furent surpris de voir cet ange volant. Ils ne purent savourer leur surprise très longtemps.
L'un d'entre eux se prit trois balles dans le ventre. Daisuke atteint le sol et termina sa chute par une roulade qui le fit directement arriver sur le second homme.
Un coup de Katana coupa l'un des bras de ce dernier, qui tomba agonisant. L'ex-Yakuza l'acheva d'un coup de sabre dans le ventre.

Le tueur admira son spectacle. Le corps du premier type était tombé le long des escaliers, le second dormait dans une flaque de son sang tandis qu'une giclée rouge s'échappait du moignon du dernier.
Daisuke devait se presser à présent, même si le quartier était désert, les coups de feu avaient peu être alerté certaines personnes.

Le Japonais fouilla la maison, dévastant tout sur son passage, il finit par trouver le trésor des racketteurs et l'emmena dans leur malette. Il quitta ensuite la maison en pressant le pas et bondit dans la Mercedes qui démarra en trombe.

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