Dur réveil pour Serge, il se leva de sa chambre au troisième étage du Irkoutsk, un mal de crâne immense. A côté de lui, il trouvait le corps endormi et dénudé d’une jeune femme, la soirée à dû promettre pensa t-il. Sur la commode se trouvait trois bouteilles de vodka et il mit un brin de temps à retrouver ses vêtements. Une sirène de police passe dans la rue, la jeune femme se réveille sûrement aussi surprise que le mafieux assis sur le côté de son lit, elle laisse échapper un soupir assez effrayé avant de lui adresser la parole, Serge ne remarquant qu’elle était réveiller, la jeune femmes s’exprimait en russe.
« Je ne suis pas sûr d’avoir totalement tout compris. »
Serge fit rapidement volte-face, apercevant la jeune femme, il lui adressa pas un soupir, juste un regard sombre.
« Moi non plus. »
Il se leva du lit avant de se diriger dans la salle de bain, fermant la porte à clé. Un brin de toilette, rien de tel pour se remettre en forme. Il ressortit après une dizaine de minutes, pour chercher à s’habiller, aller au boulot en sous-vêtements n’étant pas la tenue la plus appropriée, la jeune femme avait disparu et déguerpie. Serge soupira et esquissa un sourire. Encore quelques minutes pour s’habiller et terminer de se préparer. Il ouvrit ensuite la fenêtre sur le décrépi Little Odessa. Le téléphone de sa chambre sonna, il prit le temps mais décrocha. Une voix grave et hésitante, une voix d’une personne d’âgé. Serge hésita, lui répondit, un dialogue en russe s’engagea d’une voix faible et peu éveillé, il racla sa gorge et raccrocha. Sans attendre mais en traînant quelque peu les pieds, Serge attrapa son manteau, vérifies son arme qu’il charge avant de fermer la porte de la chambre à clé. Il ne croise personne dans les couloirs du restaurant, il descend l’escalier jusqu’à la grande salle où s’affaire déjà serveurs, Mikhaïl est là qui lit le journal et boit un café, sur le sol, les restes de la fête d’hier.
Serge ne lui adresse qu’un geste rapide, pressé par le temps. Près de la porte d’entrée, à l’intérieur, la statue Youri attendait patiemment son patron qui ne lui adressa pas la parole, le chauffeur ouvre la porte puis ouvre la portière arrière de la voiture garée juste devant le restaurant. Youri s’installe aux commandes et démarre le véhicule.
Youri sait où aller, il a même été prévenu bien avant Helvitch tout ceci pour éviter à ce dernier de devoir attendre. Le chauffeur lança plusieurs regards discrets dans le rétroviseur avant de lancer la conversation.
« Cela ne me plaît pas trop patron, briser le os de ce chicanos, vous en pensez quoi ? »
Serge paraissait pensif, ne répondant pas tout de suite à la question de son chauffeur, il se contentait d’observer les passants et insulta un pauvre type qui voulait laver les vitres du véhicule.
« Tu sais où on va ? »
Demanda t-il, en gros, cette question voulez dire, tais toi et exécutes les ordres, on se fiches du type du boulot du moment qu’il est payé et nécessaire. Youri se concentra alors sur la route, la voiture avait rendez vous au bord du canal où d’autres russes ont appréhendé un voleur, et apparemment pour oser faire déplacer Serge, ce voleur devait avoir quelque chose à apprendre. Le chauffeur resta silencieux le long du trajet, bientôt, ils quittèrent le quartier européen avant d’entrer dans la zone des docks embouteillés à cette heure ci, les dockers commençant à travailler. Si Youri perdit presque patience, ils réussirent à sortir de la zone noire avant de se retrouver sur la route du canal, suivant la large étendue d’eau. Une adresse connue, l’endroit privilégié pour les interrogatoires musclés, pas de témoins, le fleuve à proximité et loin de la route principale. La voiture bifurqua à droite et se gara quelques mètres plus loin. Youri descendit le premier et ouvrit la porte. Les deux mafieux devaient marcher dans un étroit couloir de trois mètres de large avec au bout, le canal. En chemin, Serge prit la parole.
« Tu crois que c’est important pour nous ? »
Youri, surprit que son patron ose lui demander quelque chose, se contenta d’un geste de tête, on ne fait pas venir Helvitch pour un simple règlement de compte. Près du canal, deux hommes caucasiens, habillés en noirs frappant du pied un type torse nu et basané proférant des insultes racistes en russe. Devant ce spectacle, Serge lança un regard à son chauffeur.
« Bonjour messieurs. »
Les coups cessèrent de pleuvoir sur le type qui paraissait détendu. Les deux russes l’ont pourtant déjà sévèrement amélioré, une arcade brisé, des traces de coups sur les côtés, les mains liés, des traces de tortures au fer à souder sur les genoux. L’un des russes s’avança sourire aux lèvres. Les deux mafieux stoppent leur avancée, le russe reconnaissant Serge le salua.
« Bonjours monsieur, on a quelque chose qui peut vous intéresser. »
Serge, l’air pas très rassuré, s’approcha donc de la scène. Le mafieux parcourut le corps de l’afro conscient lui lançant un regard interrogateur. Serge plaqua sa main sur son front et fronça les sourcils. Youri fut le second à s’en rendre compte. Le type était un tatoué, un gangster, et surtout un homme de Nawana, ce caïd du Tchad. L’homme de main du tchadien continua de fixer sur Serge qui lui lança un coup de pied au visage.
« Bon le basané, tu bosses avec ce trou du cul de Nawana, qu’est ce que tu foutais dans le quartier hein ? »
La victime noire resta sous silence, ne cherchant sûrement pas à se mouiller dans l’affaire, il est quand même accusé de vols de voitures de fonction sur des agents de l’organisation du crime russe. Serge regarda le ciel avant d’envoyer un nouveau coup dans la clavicule du type, pas un seul cri.
« Youri … Casses moi ça et à la flotte, je m’en vais, il me fait gerber. »
Serge partit en arrière, laissant le chauffeur s’occuper de son cas. On retrouvera sûrement son corps au fond du fleuve, les doigts coupés, sans dents, ni cheveux …